Patricia Fiori

Le sujet

Le sujet


Tandis que mes textes parlaient de moi ou de ma famille, en 1997 j’écris une pièce dont le thème est celui de la guerre. Le sujet s’impose à moi car au cours d’un voyage que j’avais fait en ex-Yougoslavie, je suis frappée par la colère que je ressens dans le pays, entre les habitants. Lorsque le conflit éclate, je ne peux pas m’empêcher de penser à tous ces gens que j’avais rencontrés au cours de ce voyage, je me demande ce qu’ils sont devenus et tout naturellement j’écris sur eux. La rupture, comme toute séparation, me cause un véritable chagrin. Pourtant, une figure continue à me hanter, celle de la mère, toujours présente et qui revient sans cesse. Ici elle perd un fils, et part à sa recherche en traversant le pays dévasté par la guerre. De terre et de sang, c’est de cela sans doute que je parle le plus souvent. Mais quand je dis terre, je veux parler de celle qui nous fait et nous défait, j’entends les racines, les origines. A partir de là, je peux écrire sur tout, je peux tout explorer, pourvu que ces choses évoquent cet autre, celui qui me fascine par sa manière d’être ni tout à fait le même ni tout à fait à l’opposé de moi, celui qui transforme une rencontre en miracle, celui qui m’inspire. Car oui, ce sont les gens que je croise qui me donnent envie d’écrire. Cela peut être un mot prononcé par hasard, une bribe de vie qui me trouble ou bien encore un regard qui va motiver mon désir. Mais de plus en plus, il y a le paysage qui se dévoile et qui m’offre une nouvelle matière à travailler.